Mannequin : est-il halal de le devenir ? Quelles règles ?

1 août 2025

Dans plusieurs écoles juridiques islamiques, exercer une activité exposant publiquement certaines parties du corps est interdit, indépendamment de l’intention. Pourtant, certains avis permettent de travailler dans l’industrie de la mode sous conditions strictes, comme le respect du hijab et l’absence de contact physique non nécessaire.

Une divergence apparaît aussi sur la participation à des campagnes promouvant des produits jugés illicites, même si le travail reste en coulisses. Les critères de licéité ne se limitent pas à l’apparence, mais englobent l’ensemble du contexte et les conséquences pour la société.

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Comment l’islam encadre les choix professionnels : principes et fondamentaux

Dans la galaxie des métiers, certains provoquent immédiatement des débats au sein des communautés musulmanes. L’islam, loin de proposer une liste immuable, met en avant des principes, toujours soumis à l’interprétation des savants. Tareq Oubrou, imam à la parole affûtée, rappelle que le droit canonique repose sur une éthique profonde, et insiste sur l’importance de l’harmonie entre vie professionnelle et convictions spirituelles. On ne peut ignorer le contexte personnel, l’environnement social, ou encore le poids du regard familial : tout cela fait partie de l’équation.

Refuser un emploi lié à l’alcool, à la danse ou à d’autres pratiques jugées incompatibles avec la foi n’est pas rare, même si la législation du pays n’y voit aucune objection. Les textes sacrés, eux, appellent à une réflexion intérieure. Il ne s’agit pas simplement de donner le change : la dignité, la cohérence, l’impact sur la société sont scrutés de près. Le mannequinat se retrouve alors sur une ligne de crête, jamais totalement interdit, jamais systématiquement accepté. Le jugement varie en fonction des écoles de pensée, de la sensibilité de chacun, de la situation familiale.

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Éthique et responsabilité s’imposent comme repères majeurs. Tareq Oubrou le souligne : chaque décision s’éclaire à la lumière d’un dialogue entre prescriptions religieuses et adaptation au réel. Certains métiers sont nommément rejetés par la tradition (commerce d’alcool, de porc, finance usuraire), d’autres nécessitent une évaluation personnelle. Famille, conjoint, communauté peuvent influencer le choix, mais l’ultime décision appartient à l’individu, seul face à sa foi et à ses valeurs.

Quels métiers sont considérés comme interdits selon la jurisprudence islamique ?

La jurisprudence islamique établit des lignes rouges nettes. Les métiers jugés incompatibles avec la foi musulmane sont identifiés sans ambiguïté dans les écrits des savants et les recueils de hadiths. Voici les principaux domaines concernés :

  • Vente d’alcool ou de porc : deux secteurs directement visés par les textes de référence.
  • Banque et courtage : la suspicion d’usure, les intérêts illicites, et certaines pratiques financières sont considérés comme contraires à la charia.
  • Tatouage et esthétique (métiers de l’esthétique, coiffure) : modification corporelle, exposition de l’intimité, sujets de discussions récurrentes dans les milieux religieux.
  • Artiste, chanteur, professeur de danse : la mise en scène du corps, le divertissement jugé vain, sont souvent remis en cause.
  • Avocat et juge : le risque de soutenir l’injustice ou de trancher en dehors des règles islamiques est fréquemment cité.

Les recueils de Bukhari et Muslim fournissent les références principales. Si chaque école de jurisprudence (hanafite, malikite, chaféite, hanbalite) nuance l’analyse, la trame reste la même : exposition du corps, des valeurs, ou de l’intimité, tout comme les pratiques contraires à l’éthique, sont systématiquement questionnées. L’intention, le contexte et la finalité du métier sont également pris en compte dans l’évaluation.

Le mannequinat à la lumière des règles religieuses : points de vigilance et débats

Se montrer devant l’objectif, mettre en avant son image, défiler sur un podium : le mannequinat provoque de nombreuses discussions auprès des théologiens musulmans. Ce n’est pas un débat nouveau. Il traverse les conversations, anime les familles, s’invite jusque dans certains sermons. L’islam ne condamne pas sans appel, mais impose une série de points de vigilance à considérer avant de s’engager dans cette voie.

Premier point : la tenue vestimentaire. La façon dont le corps est montré, le respect de la pudeur, la notion de décence. Les agences de mannequins proposent parfois des missions incompatibles avec la discrétion attendue par le droit canonique. Certaines professionnelles se tournent alors vers des secteurs spécifiques : vêtements amples, campagnes pour marques qui respectent le hijab, univers de la mode dite « modeste ». Victoria Caldwell, qui a connu une conversion à l’islam, en témoigne : elle a repensé sa carrière pour travailler uniquement avec des marques en accord avec ses convictions et porter le hijab lors de ses prestations.

Autre sujet de préoccupation : la diffusion sur les réseaux sociaux et la maîtrise des images. Une photo publiée échappe rapidement à tout contrôle. Consentement durable, viralité, impossibilité de supprimer certains contenus, tout cela fait débat. Certains savants préfèrent éviter toute exposition publique, d’autres admettent qu’un mannequinat aligné sur l’éthique musulmane reste envisageable, à condition de respecter des règles strictes.

Les jeunes femmes et leurs proches questionnent, cherchent à harmoniser ambitions professionnelles et valeurs religieuses. À la télévision ou dans la presse, de nombreux imams le rappellent : chaque cas exige de réfléchir à l’équilibre entre principes religieux et réalité quotidienne, sans jamais sacrifier la foi ni l’intimité.

modèle mode

Exemples concrets et conseils pour concilier aspirations professionnelles et respect des valeurs islamiques

Opter pour le mannequinat dans une agence spécialisée peut offrir un cadre rassurant : contrats précis, choix des projets, partenaires soucieux de la conformité avec les valeurs musulmanes. Certaines agences se sont positionnées sur la mode modeste, proposent uniquement des vêtements couvrants et collaborent avec des marques attentives à l’éthique. Cela permet d’éviter d’être associé à des campagnes ou des images en désaccord avec ses principes.

Un repère utile : bâtir un book professionnel qui reflète clairement vos choix : pas de concessions sur la pudeur ou la posture. Sélectionnez soigneusement vos photographes et stylistes, discutez en amont des conditions, ne signez rien sans avoir vérifié chaque clause. Les opportunités ne manquent pas, mais il faut examiner chaque mission : où iront les photos, quelle image sera véhiculée ?

  • Demandez conseil à vos parents, à un mannequin expérimenté ou à une personne de confiance en matière religieuse.
  • Refusez les propositions qui exigent des tenues non conformes ou des poses qui heurtent vos convictions.

Être salarié comme mannequin apporte aussi des avantages sociaux : protection santé, droits au chômage, retraite, prévoyance. La rémunération respecte le Smic, ce qui garantit un minimum de sécurité. Pour l’entretien physique, misez sur la diversité : cardio (course, natation), musculation (poids, élastiques), yoga, pilates. Ajustez selon vos besoins, sans négliger votre équilibre mental, la pratique religieuse et la vie de famille.

Restez à l’écoute des retours, adaptez votre parcours, affirmez vos choix. L’industrie évolue, les offres changent. Ceux qui assument leur identité et la défendent finissent souvent par tracer leur propre chemin, parfois là où personne ne les attendait.

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